Il faut aller voir

En tête-à-tête avec Marie-Hélène Puget

Marie-Hélène Puget est une peintre carnettiste souvent embarquée à la pêche au large, la mer est son univers et sa source d’inspiration : bateaux, personnages, eau, poissons, îles… Son atelier de travail est sur l’île de Sein.

Comment t’es-tu lancée dans l’exercice du carnet de voyage ?

J’étais infirmière, je n’ai pas fait d’étude d’art.

C’est à Madagascar que je me suis mise à dessiner. Nous y sommes partis en famille et nous y avons élevé nos enfants. En dessinant, je me suis rendu compte que j’avais le sens de l’observation. Je suis ensuite devenue professeur dessin au lycée français de Diego Suarez (Madagascar).

J’ai commencé à peindre, on m’a alors proposé des expositions à l’Alliance française de Madagascar. Une fois rentrée en France, l’école d’architecture d’intérieur m’a embauchée comme intervenante pour faire dessiner des étudiants en extérieur et casser le trait d’architecte, glacial.

Quel est ton lien avec le Rendez-vous International du Carnet de Voyage ?

C’est au Rendez-vous International du Carnet de Voyage que j’ai découvert un univers que je ne connaissais pas. Je me suis aperçue qu’il y avait moyen d’exister avec un carnet de voyage. A ce festival, je me suis retrouvée à l’endroit où je devais être.

Dans ma vie de carnettiste, deux éléments sont importants, ma vie sur l’île de Sein où j’ai mon atelier et le Rendez-Vous International du Carnet de Voyage.

Que viens-tu présenter au festival ?

J’ai amené mon premier ouvrage « carnet marin – navigation en Bretagne sud », imprimé en 2008, je faisais tout à la main. C’est Michel Renaud qui a découvert en premier ce carnet, il est venu jusqu’à Vannes pour me trouver !

Je présenterai aussi mon carnet sur les Iles du Cap Vert.  Je suis insulaire, je voyage donc souvent en bateau, donc je suis venue « dans mon sac » avec toutes les îles de l’atlantique, l’île de Sein, les îles du Ponant, etc.

On a l’impression que ton trait est toujours en mouvement.

Effectivement, c’est parce que j’ai très vite embarqué sur les bateaux de pêche et voiliers, des bateaux qui ne s’arrêtent pas. En voyage, je marche en dessinant les gens.

Je suis autodidacte. Heureusement, je n’ai pas de technique, j’ai donc tous les droits, aucune contrainte. Je suis très éprise de liberté. Je peux faire ce que je veux, quand je veux, où je veux, sans gêner personne. Le carnet pour moi c’est l’endroit où j’ai le plus de liberté, je peux tout dire, tout faire. Je fais comme je le sens. Si je n’ai pas d’émotion, je dessine pas. Mon carnet est un livre d’émotions.

Est-ce qu’il y a eu une rencontre marquante durant ton voyage au Cap-Vert ?

Je pense au marché africain. C’était assez poignant de visiter ce type d’endroits. Les gens sont ouverts. C’est une île qui m’a apportée beaucoup. J’aime ressentir une émotion qui passe par les personnes rencontrées et l’histoire de l’île. J’aime cette vie sur les trottoirs.

Je reviens des Açores, je n’ai pas retrouvé cette authenticité.

Quels sont tes projets ?

J’espère aller encore plus loin avec mon trait. Je ne vais pas me contenter de ce que je sais faire.

Un de mes projets est de bien vieillir, j’ai presque 72 ans ! Le carnet est vraiment thérapeutique, comme les gens qui font du yoga. Le carnet équilibre ma vie. Je suis une solitaire et pourtant j’aime bien le contact avec les gens dans le cadre du carnet.

Quel est le rêve qu’il te reste à accomplir ?

Je dessine sous l’eau, en plongée ou en apnée. Je regrette de ne pas avoir fait ça à l’époque avec un carnet en dessinant !

Qui est ton coup de cœur du festival ?

Mon coup de cœur c’est le carnettiste Emdé car il est nature, il ne fait pas semblant. J’aime bien les gens qui restent eux-mêmes. Un carnet, il faut être franc avec soi-même, ne pas faire semblant de faire « du beau ». Il ne faut pas chercher le croquis extraordinaire mais relater le quotidien.

Partager :
Plus d'articles :