Voulez-vous une bonne définition parmi cent de la poésie ?
Eh bien en voici une que je tiens pour véritable : tout poème est un carnet de voyage.
Certes on peut citer à l’infini les noms des poètes voyageurs, de ce qui firent l’éloge du voyage, de ce qui firent poèmes de leurs courses à travers le monde, que ce soit par exemple Du Bellay, Hugo, Rimbaud,
Valérie Larbaud, Blaise Cendrars, Victor Segalen, Claudel ou Supervielle, mais disons-le tout net : toute poésie est d’abord un voyage vers ce lointain intérieur dont parle Henri Michaux, un aller-retour perpétuel entre le regard hypersensible sur le monde du dehors et l’exploration de l’espace du dedans.
Tout poème est un départ et un dépaysement : un dépaysement de la langue pour traverser la profondeur du réel. Ou pour le dire comme Baudelaire : une “invitation au voyage”.
Dimanche 16 novembre à 10h30 – Conversation poétique – Espace Ella Maillart – 2e étage
Avec Benoit Reiss et Jean-Pierre Siméon
Benoît Reiss, écrivain-poète rare et singulier, par ailleurs co-directeur de Cheyne éditeur, est parti vivre neuf années de son existence au Japon. De cette expérience il a fait des livres qui éloignent le pittoresque pour tenter de saisir l’âme même d’un monde et d’une culture si éloignés des nôtres. Mais c’était aussi pour lui une manière comme il le dit lui-même de devenir étranger. Si vous l’interrogez, il vous dira qu’au fond par le déplacement dans l’espace ou par et dans la littérature, il s’agit toujours de tirer au clair cette question : quel est mon pays ? Pour peut-être finalement en revenir à cette évidence qu’il formule ainsi: lire et écrire est le pays que je me connais. Peut-être celui qui accueille tous les autres et les défait de leurs frontières.
Benoit Reiss

Benoît Reiss est né en 1976. Il a fait des études de lettres à Lyon puis à Paris. Il a travaillé dans l’édition scolaire avant de déménager en 2007 au Japon, dans la région de Tokyo, où il a enseigné le français. Depuis 2017, il est codirecteur de Cheyne éditeur, avec Elsa Pallot. Il a publié des récits, romans, contes, poèmes… chez divers éditeurs (Cheyne, Arfuyen, Fugue, Esperluète, Buchet-Chastel…)
Jean-Pierre Siméon

Poète, romancier, dramaturge, critique mais aussi… professeur agrégé de Lettres Modernes, il est l’auteur de nombreux recueils de poésie, de romans, de livres pour la jeunesse, et de pièces de théâtre. Il a créé en 1986 la Semaine de la poésie à Clermont-Ferrand. Il a été directeur artistique du Printemps des poètes de 2001 à 2017. Il a été poète associé au Théâtre National Populaire de Villeurbanne de 2001 à 2019. Il est président du jury du Prix Apollinaire. Il est actuellement directeur de la collection Poésie / Gallimard.
Il est l’auteur notamment des essais La poésie sauvera le monde (Le Passeur) et Petit éloge de la poésie (Folio 2€), qui ont connu un grand succès critique et public, et du recueil Une théorie de l’amour /(Gallimard).
Dimanche 16 novembre à 15h15 – Projet Delta(s) – Espace Ella Maillart – 2e étage
À bord d’un van, les personnages nous emmènent à travers la France et l’Espagne. Entre terre et mer, sur terre et sur mer, ce film célèbre la liberté et la création artistique.
1947, l’Espagne vit sous la terreur du dictateur Franco, le peuple souffre et les libertés sont réduites en un nuage de poussière soufflé par le vent du pouvoir. Pour certains, c’est le moment de fuir. Quitter, la mort dans l’âme, son pays, sa famille et ses amis, quitter ses racines vers un monde meilleur. Francisco Fito a alors 17 ans et décide de franchir les Pyrénées pour rester libre.
74 ans plus tard, Patrice et Pierre, ses petits-neveux, l’embarquent pour un voyage initiatique et artistique. Un voyage à double destination : retrouver ses racines dans le trajet à rebours de l’oncle Fito et réaliser, au bout de la route, une résidence artistique sur la mer… Carnets de poésie écrits en chemin et musiques composées ou improvisées sur la route deviendront la matière d’un spectacle bilingue français-catalan, en hommage à ce qui a été transmis : indépendance et liberté. D’un delta à l’autre, quels souvenirs, quelles espérances ? Quel héritage dans les replis des langages ?
