Il faut aller voir

INVITÉ D’HONNEUR 2023

Olivier Weber

Olivier WEBER Invité d’honneur et parrain de la manifestation

Écrivain et grand reporter, Olivier Weber est notamment l’auteur du Faucon afghan, La Bataille des anges, Le Barbaresque et L’Enchantement du monde. Lauréat du Prix Albert Londres, du Prix Joseph Kessel, du Prix du Livre Européen et Méditerranéen, du Prix Amerigo Vespucci et du Prix de l’Aventure. Longtemps correspondant de guerre pour la presse française et britannique puis ambassadeur de France pendant cinq ans, il a séjourné avec une quinzaine de mouvements de guérillas et a couvert une vingtaine de conflits, de l’Erythrée à l’Afghanistan, du Sahara à l’Irak. Il a réalisé plusieurs documentaires dont deux de cinéma, récompensés par des prix internationaux. Ses romans et récits de voyage ont été traduits dans une dizaine de langues. Derniers ouvrages parus : Au Royaume de la lumière – Un voyage en Himalaya (Terre Humaine) et Naissance d’une nation européenne – Réflexions sur la question ukrainienne (Éditions de l’Aube).

Le mot de l’invité d’honneur : Olivier Weber


Il faut aller voir

« Il faut aller voir » est un magnifique rendez-vous du voyage qui me tient à cœur, et ce pour plusieurs raisons. D’abord parce que son titre incarne un cri, celui lancé par Ella Maillart, la grande voyageuse Suisse qui a parcouru le monde dès les années 20 et 30. Loin des idéologies ravageuses, loin d’un cérébralisme d’excès, rien ne vaut la rencontre et ainsi le mouvement. Voyager, s’aventurer, mais aussi raconter. C’est ainsi que le festival clermontois, le premier du monde de ce genre, a su rassembler carnettistes, photographes, écrivains, voyageurs au long cours et pérégrins divers dans une démarche œcuménique où il est aussi et d’abord question de relater, par la plume, le pinceau, le fusain, la parole, en bref de raconter le monde, dans une démarche qui m’est chère, l’aventure humaine. Et ce devant un public fidèle, curieux, avec un succès qui n’est plus à démontrer.


Ces « Regards sur le monde », portés par cette manifestation, dont l’intention est profondément
humaniste, sont plus que jamais nécessaires dans une planète troublée, en secousses, en proie aux conflits, dans la perspective aussi d’une lecture du monde qui vient. Je veux croire en tant qu’écrivain que ce genre de rendez-vous nous permet encore et toujours d’une part de décrypter et d’autre part d’espérer, dans une dimension de voyage, de sortie de soi, mais aussi de plongée intime, de périple intérieur. Lors de cet événement, à l’ouverture d’esprit sans cesse renouvelée, les grands témoins nous apporteront leurs élans, leurs passions et leur vision, jusque dans la fiction, qui est une manière, parfois, de rendre compte du réel.
L’an dernier, la soirée « Les Voix afghanes », avec des artistes afghanes et afghans déclinant leur poésie et leurs balades ou mélodies, affichait complet – 700 personnes dans l’amphithéâtre ! Et ce fut un grand moment d’émotion, avec une communion poignante, à la fois tangible et silencieuse, entre les artistes sur scène et le public. Un chant universel et vibrant où il fut question de bonheur, de luttes, d’amour et d’amours, d’attente, de fraternité. L’auteur de ces lignes n’était pas le seul à avoir les larmes aux yeux. Osons clamer à nouveau que la poésie, écrite, contée ou dessinée, peut contribuer à changer le monde. Telle est aussi, entre autres, la magie du festival dont j’ai accepté cette année d’être l’invité d’honneur, et tout l’honneur est pour moi, pour mes combats et les peuples que je ne cesse de défendre. Des causes jamais perdues, et dont il faut entendre la voix.
Il n’empêche ! Les petits peuples sont plus que jamais en danger. J’en veux pour preuve le drame que subit l’Arménie avec la perte du Haut-Karabakh, cette enclave montagneuse de 120.000 habitants dont 30.000 enfants désormais envahie par l’Azerbaïdjan, au terme d’un blocus total et d’un déplacement forcé des populations – en clair, un nettoyage ethnique -, enclave que j’ai longuement arpentée à plusieurs reprises pour mes livres et reportages. Coréalisé avec Christophe Raylat, notre film Si je t’oublie Arménie entend témoigner, documenter une tragédie annoncée et porter la voix millénaire de ce peuple coincé entre des États prédateurs, sur une terre convoitée pour ses montagnes stratégiques et qui gênent les appétits des néo-empires, les anciens empires en reconstruction, en mal de nouvelles routes de la Soie. Il s’agit d’un engagement auprès des petits peuples menacés de l’Orient, Arméniens comme Kurdes. Le témoignage est plus que jamais nécessaire, afin de comprendre, de rendre compte, de s’indigner. Là réside aussi cette promesse de l’aube qui s’appelle l’espérance.
Olivier Weber, écrivain-voyageur et grand reporter. Dernier livre paru : Dans l’œil de l’archange (Calmann-Lévy).

Au programme :

  • Grand débat – samedi 19 novembre (Polydome – Amphithéatre)
  • Dédicaces (Polydome – Librairie) – A venir… 

Crédit photo à la une : © D. R

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