Il faut aller voir

En tête-à-tête avec Jérémy Bezard

Parcourir 20 000 km en Amérique du Sud, à vélo et sans être sportif, c’est le défi que s’est lancé Jérémy Bézard lors de sa crise de la trentaine. Il est revenu en France avec de nombreux dessins qu’il a présentés au 23ème Rendez-vous International du Carnet de Voyage

Que présentes-tu au festival ?

Je présente « 20 000 km sur les reliefs tourmentés du continent sud-américain ». En 2015, j’ai fait ma crise de la 30e et je suis parti pour faire un voyage avec un capital de 3 000€, soit tout ce que j’avais vendu, je voulais partir pendant 10 ans et vivre de mon art. Je suis parti à vélo cargo sans assistance électrique, le moteur c’étaient mes jambes et pourtant je n’étais pas du tout sportif.

Au bout de 8 mois en Amérique du Sud, j’arrive à Cordoba et le distributeur automatique de billets me dit que je n’ai plus d’argent. J’avais alors 2 options, soit appeler mes parents afin qu’ils m’aident, soit me débrouiller avec ce que j’avais. J’ai choisi l’option 2 et j’ai commencé à raconter mes aventures avec des cartes postales. Le mec qui vous propose des cartes postales et des trucs à vendre au restaurant, c’est moi. J’en vendais au prix d’une pizza et d’un litre de bière local pour avoir toujours le même pouvoir d’achat dans chaque destination et donc me fondre dans la population.

Comment as-tu réussi à financer ce voyage de 3 ans ?

J’ai pu financer 3 ans an Amérique du sud uniquement grâce à mes dessins.

Chaque dessin, je le prends en photo et je génère une copie numérique dans l’idée peut-être de faire un livre. Après 3 ans en Amérique du Sud, je suis rentré en France puis je suis reparti en Asie. A cause du Covid, je suis rentré en France. Durant le 2ème confinement, j’ai commencé à écrire un livre sur mes 3 ans en Amérique du Sud, il est en cours de réalisation. Je m’interdits de refaire un voyage au long cours tant que ce carnet n’est pas fini.

J’ai 550 dessins c’est donc un capital qui dort quand on n’en fait rien. J’avais les fichiers numériques de mes dessins et j’ai investi dans une graveuse laser qui me permet de publier le dessin sur une plaque de linot. Quand on touche le relief de cette plaque, on sent une surépaisseur ce qui permet à l’encre d’être déposée à l’extérieur via 2 techniques d’encrage. Grâce à cette technique je peux faire jusqu’à 12 tirages d’un dessin que j’ai déjà fait avec une plaque. En France, je vends ces tirages 25 euros, soit le prix pizza et d’un litre de bière. Je vends mes dessins 50€, soit un repas pour deux personnes.

As-tu fait une rencontre marquante durant ce voyage ?

Je repense à Malena, avec qui j’étais en couple. Elle m’a fait comprendre que je voyageais beaucoup trop vite, je passais à côté de beaucoup de choses. J’ai alors commencé à voyager lentement. Je n’ai pas donc pas réussi à atteindre tous mes objectifs comme aller à Ushuaïa. Mais il y avait des choses plus importantes à voir.

Je te donne un billet sans retour où vas-tu ?

Au Chili car c’est très beau, c’est la bretagne avec les montagnes enneigées en plus.

Qui est ton coup de cœur du festival ?

Je trouve incroyable ce que fait Etienne Druon avec un stylo bille.

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